dimanche 22 juin 2014

Le saint suaire de turin


Le suaire de Turin, ou linceul de Turin, est un drap de lin daté du Moyen Âge selon le procédé de datation par le carbone 14. Il montre l'image d'un homme présentant les traces de blessures correspondant à un crucifiement, figurant certains détails de la Crucifixion de Jésus de Nazareth décrite dans les évangiles canoniques. Objet de piété populaire, considéré par l'Église catholique comme une icône et vénéré par certains croyants comme une relique insigne, il est conservé aujourd'hui dans la chapelle de Guarini de la cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Turin.


En 1988, la datation au carbone 14 conclut à une origine médiévale du suaire (XIIIe ‑ XIVe siècle). Ces résultats, unanimement validés par la communauté scientifique, sont toutefois rejetés par plusieurs partisans de l'authenticité. Certains contestent la validité de l'échantillon ou le principe et la méthode de datation par le carbone 14 pour un tel objet ; d'autres fondent leur argumentation sur des théories, notamment sur une hypothétique existence du linceul avant 1357, sur l'éventualité de la présence de sang, sur l'existence d'inscriptions qui figureraient sur le linceul, sur la présence de pièces de monnaie, etc., sans qu'aucune expertise scientifique n'ait pu remettre en cause les résultats du carbone 14 obtenus en 1988.

Dès qu'ils ont été publiés, les résultats de l'analyse au carbone 14 ont été acceptés par le pape Jean-Paul II. Mais l'Église catholique, propriétaire du linceul depuis 1983, ne s'est jamais prononcée officiellement sur l'authenticité. Elle considère que cet objet n'ajoute rien à la foi chrétienne (qui ne relève pas du domaine de la preuve) et que le suaire ne constitue en aucune façon une preuve de la Résurrection qui est le fondement de cette foi. En 1998, Jean-Paul II a qualifié le linceul de « provocation à l'intelligence » et invité les scientifiques à poursuivre leurs recherches.


Les coutumes funéraires juives au Ie siècle sont, selon Hérodote et Tacite, d'origine égyptienne, le corps étant lié par des bandelettes comme une momie mais il ne s'agit probablement pas de bandelettes à l'égyptienne mais d'un linceul lié avec trois bandelettes (une aux pieds, une à hauteur des mains et une au cou). Ces coutumes sont selon l'Évangile de Nicodème d'origine inconnue, consistant à recouvrir le visage d'un suaire et envelopper le corps d'un linceul.


Le suaire est une toile de forme rectangulaire et mesure environ 4,4 mètres sur 1,13. Ce linceul, de couleur ivoire (jaunissement par oxydation du lin au cours du temps) est souple et fin avec une épaisseur de 3 à 4 mm. Tissé en chevron (communément appelé « en arête de poissons ») dit « trois en un », il est composé de fibres de lin. À plusieurs endroits, du coton a été détecté.

Le suaire figure l'image de couleur sépia en vue frontale et dorsale d'un homme nu, avec ses mains croisées sur le pubis. Les deux vues sont alignées tête-bêche. L'avant et l'arrière de la tête se joignent presque au milieu de l'étoffe ; les vues correspondent à la projection orthogonale d'un corps humain. La silhouette n'est visible que si l'on se tient à plus de 2 mètres du linge.

L'homme du suaire porte une barbe bifide (qui se divise en deux parties) et des cheveux jusqu'à mi-épaule. Il semble assez musclé. Sa taille est difficile à évaluer en raison des déformations du tissu. Les mesures effectuées varient entre 162 à 187 centimètres.


Des taches rouge foncé à brunâtres apparaissent sur le tissu, signes de diverses blessures : un poignet au moins présente une grande tache circulaire (le deuxième poignet est caché par le pliage des mains) ; sur le côté, une autre tache est présente ; des petites taches sur les cheveux et autour du front ont l'aspect de blessures, ainsi qu'une masse de traces linéaires sur le torse et les jambes.

Le 21 avril 1988, les opérations de prélèvement d'échantillons commencèrent sous la direction de Giovanni Riggi di Numana. Quatre heures furent nécessaires pour décider de l'emplacement du prélèvement de l'échantillon. Le choix se porta sur une zone en bordure du suaire de Turin, adjacente à l'emplacement du prélèvement effectué en 1973.

Le 13 octobre 1988, le cardinal Ballestrero annonce dans une conférence de presse les résultats de la datation transmis par le professeur Tite du British Museum. La concentration moyenne en 14C du lin donne une date médiévale située entre 1260 et 1390 avec une probabilité de 95 %. Le statut du Saint Suaire n'était dorénavant plus celui d'une relique insigne mais celui « d'une merveilleuse icône » selon les mots du cardinal, et une création médiévale pour la majeure partie de l’opinion publique.


L’Église catholique refuse l'éventualité d'une nouvelle datation par le carbone 14. Jacques Évin l'explique dans Le Monde du 24 juin 2005 : « La pièce se dégrade. Ce qui est fondamental c'est désormais sa préservation. Il s'agit d'une œuvre d'art ». De plus, d'après lui, il est probable que, malgré les nécessaires précautions à prendre, il resterait toujours des personnes pour douter. Par ailleurs, Jacques Évin ajoute que, dès le premier programme de datation en 1988, les précautions opératoires avaient dépassé très largement les habitudes scientifiques en la matière, ce qui n’a pas empêché les nombreuses critiques.

En 1973 et en 1978, Max Frei, criminologue suisse, effectua une étude des pollens pour déterminer les régions où le linceul aurait séjourné. Ces conclusions tendaient à montrer que sur les 58 espèces végétales trouvées, une majorité de pollens (45) étaient originaires de Jérusalem et des environs. Ces résultats ont été critiqués à plusieurs reprises, car considérés comme trop précis et difficilement interprétables. En effet, selon la remarque de Guy Jalut, professeur de palynologie à l'Université Paul Sabatier de Toulouse, comment expliquer l'absence du chêne et de l'olivier, espèces abondantes dans les régions méditerranéennes ?

Le saint suaire reste pourtant un grand mystère contemporain. Des faits nouveaux viennent à nouveau mettre en branle, tout ce qui a été fait par les scientifiques....

Cette fois-ci, c'est le professeur Alberto Carpinteri, de l'Institut Polytechnique de Turin et son équipe, qui formulent une nouvelle hypothèse remettant en cause la datation au carbone 14. Selon le scientifique italien, le secret du Saint Suaire serait à rechercher dans un... tremblement de terre. Un puissant séisme aurait ainsi frappé Jérusalem au moment de la mort du Christ. Les ondes ainsi dégagées par les roches broyées auraient littéralement bombardé de neutrons le linceul de Jésus. C'est en entrant en collision avec les atomes d'azote contenus dans les fibres du linceul qu'ils auraient généré l'image, tout en bouleversant le taux de carbone 14 (ce qui aurait faussé les résultats de l'étude de 1988).

Dans le récit de la Passion, un tremblement de terre est évoqué dans l'évangile selon Saint-Matthieu, survenant juste après la mort du Christ. "Jésus poussa de nouveau un grand cri, et rendit l'esprit. Et voici, le voile du temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu'en bas, la terre trembla, les rochers se fendirent, les sépulcres s'ouvrirent, et plusieurs corps des saints qui étaient morts ressuscitèrent" peut-on lire au chapitre 27. Mais ce n'est que le soir que Jésus fut glissé dans son linceul. Y a t-il eu des répliques du séisme évoqué ?
La thèse d'Alberto Carpinteri ne clôt sans doute pas le débat mais vient le relancer à nouveau. Quant à l’Église, elle ne s'est jamais prononcé sur l'authenticité ou non du linceul qu'elle considère néanmoins comme un objet digne de vénération.


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